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DIDIER MENCOBONI

LUX : EPISODE XIII

22 JANVIER - 5 MARS 2022

Visite virtuelle

<p class="font_8">La galerie Eric Dupont est heureuse d'annoncer l'exposition personnelle de l'artiste Didier Mencoboni, <em>Lux : Episode XIII.</em></p>

<p class="font_8">La galerie Eric Dupont est heureuse d'annoncer l'exposition personnelle de l'artiste Didier Mencoboni, <em>Lux : Episode XIII.</em></p>

De l’or au bout des doigts


Au début c'est toujours « pour voir ». Voir si l’introduction d’un élément étranger au quotidien peut être la promesse d'une peinture inattendue, dans le cas qui nous regarde, il s’agit d’un cadeau, des feuilles d’or qui sont venues semer le trouble, semer une graine au fruit inconnu.


S’engager dans une nouvelle technique : c'est abandonner la maitrise, un savoir-faire, sortir de sa zone de confort. Des tâtonnements, des erreurs, des bonheurs et des interrogations viennent s'immiscer dans la peinture, ce sont de nouveaux chemins qui interrogent et qui troublent au risque de se perdre.


Tout commence par un cadeau, offert par une artiste chinoise, Tang Ying, professeure de laque à l'Institut des Beaux-Arts du Sichuan à Chongqing, une boîte contenant quelques dizaines de feuilles d'or soigneusement empilées, ce don me donnait un avant-goût de sa pratique et du futur voyage dans son pays.


Après avoir longtemps été dans l’incapacité d'utiliser le contenu de cette boîte, une partie de la réponse a surgi à la suite de plusieurs séjours en Corée, au Japon et en Chine. Une visite toute particulière : la visite du Château de Nijo, Palais Ninomaru, à Kyoto où en cherchant le bon point de vue pour capter la totalité des parois dorées et des parties peintes, il me fallait bouger sans cesse pour tenter d’embrasser d’un seul regard la matité et la brillance, le quadrillage des feuilles d'or et les courbes d'un tronc fleuri. Dans ce balancement entre fond et figure, dans la recherche du bon point de vue, de l'ombre et de la lumière, du mat et du brillant, j'ai vu la surface d'un tableau se creuser et venir à moi.


De retour à l'atelier, la mémoire chargée de ses voyages et les feuilles d'or en main, l'expérience de mon initiation à la technique de la laque pratiquée en Chine m'est revenue et s'est conjuguée à l'image double des parois japonaises.


Avoir entre les doigts une surface qui vibre à la lumière, qui est sensible au moindre souffle d'air revient à se plonger dans un rapport à la couleur qui est d'une nature autre que celle que procure la peinture à l'eau et à l'huile, avant d'être fixée à son support, la surface peut se saisir entre deux doigts : elle est animée.


Des gestes viennent ensuite, des gestes qui recouvrent, de l'attente, sans cesse en équilibre entre fini et non fini.


Et cette lumière surtout, cette lumière qui semble provenir du tableau, du dessus et du dessous de la surface, comme si la surface ne se laissait pas attraper, comme si elle était insaisissable.


Un amateur ne saurait exceller dans une technique ancestrale comme celle de la laque par exemple, il peut viser l'excellence et trouver dans l'échec qui s’offre à lui autre chose qu'une défaite, et l'accepter ainsi. Accepter que la maladresse de l’amateur qui s’applique à bien déposer la feuille d'or sur son support entraine des vides à la surface du tableau, accepter ces failles, ces retraits et en faire une qualité revient à contourner l’obstacle. Je deviens restaurateur d’un tableau alors que le tableau n'existe pas encore, combler ces manques avec des couleurs, réparer et finalement révéler une figure imprévue, une composition fragmentée, il s’agit d’une forme de kintsugi appliquée à ma peinture.

Au mur la perception du tableau devient complexe, plus rien n'est fixe. Tout bouge et s’anime, le corps, l'œil, la lumière. Sous un autre angle, une autre perception arrive, la surface se lit par strates, le support se devine à travers les veines du bois, les stries de l'enduit, les traces du ponçage, le fond coloré et les trainées du pinceau, la grille formée par les feuilles d'or, les plis de certaines feuilles, le passage d'un coton qui a lustré la surface, les fragments de couleurs. Lorsqu’il s’approche, c'est le regardeur qui se réfléchit à la surface du tableau, la couleur de ses vêtements modifie l’aspect du tableau. De plus près encore, pointer un doigt vers sa surface renvoie à effleurer un miroir doré. Tous ces éléments, fruit de gestes contrôlés et d'incidents acceptés, invitent donc à de multiples lectures.


Face à soi ce n'est plus un tableau unique, il n'a de cesse de n'être jamais le même : il nous échappe.


Une espèce de mouvement perpétuel, ce qui vient s'imposer puis disparaît, un faible signal suffit, un rayon de lumière, un déplacement fugace, un suspend et puis : autre chose…


Didier Mencoboni

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